Abbaye d'Art de Trizay, Réfectoire |
>>> La vidéo de l'exposition <<<
Ici on se surprend à écouter le silence.
Un temps suspendu dans un espace isolé du monde extérieur.
Nous avons pensé au roman de Marlen Haushoffer le mur invisible dans lequel la notion de temps est totalement repensée puisque la vie s’arrête brutalement et l’héroïne se trouve seule dans un environnement clos par un mur invisible.
Ainsi nous avons choisi pour titre d’exposition une phrase du livre : « Le temps est immobile, je me déplace en lui ... »
C’est sur ce hors du temps, que nous avons développé notre installation dans chaque espace de l’abbaye. Chaque lieu a son univers où nos œuvres se répondent symboliquement et spatialement. Nous jouons dans chaque lieu et une histoire se met en place.
Abbaye d'Art de Trizay, Choeur |
Dans le
travail de Chris Ropert il est aussi question de temps. Un temps immobile. Et
l’on pourrait reprendre à son compte le titre de
l’exposition : « Le temps est immobile, je me déplace en lui » car il
est aussi question de déplacement du corps dans son travail. Elle crée des
formes à l’étendue de ses possibilités de gestes, de corps, ainsi ses œuvres
sont pour la plupart à l’échelle 1.
Son déplacement est mesuré, humain, à l’échelle de son atelier.
Les œuvres se développent, créant ainsi des séries qui creusent le temps comme un feuilleté dont on aurait séparé méticuleusement chaque feuille par un sens aigu de l’observation ou par pure gourmandise.
Puis le temps s’accélère par les gestes picturaux, autant de signes, de boucles, de traits, qu’il semble impossible d’arrêter, à l’image de son énergie.
Les orées, Chris Ropert |
Au cœur des recherches plastiques de Dominique Jarty, c’est le besoin vital, viscéral de faire corps par la couleur et par le geste.
Elle voyage dans le corps de la couleur, sa chimie, ses états pluriels, un terrain de jeu infini dans lequel elle s’immerge et nous immerge.
Elle parle de son travail en cours, vous voyez ses mains qui guident votre compréhension en répétant les gestes qu’elle effectue avec le drap, pour lui redonner vie, redonner ventre, redonner sa proximité naturelle avec le corps (humain, animal…)
Ses gestes créent alors un corps symbolique, un corps à l’œuvre, le corps de l’œuvre. Se joue devant nous ce qui se noue et se dénoue dans nos vies, ce qui se contracte puis se dilate, ce qui est tu, cousu et qui se libère, s’échappe.
Son travail est un travail de liberté, coûte que coûte, un travail qui réengage puissamment les gestes des femmes dans l’histoire, leur présence continue (tordre le linge, presser, plier, étendre, coudre, raccommoder, teindre…) Des gestes modestes, qui nous renvoient à une évidence forte : notre besoin vital de faire corps avec le monde.
Dominique Jarty |
L’Abbaye d'Art de Trizay nous a permis de développer nos recherches en nous apportant un soutien précieux. Ainsi nous avons pu concevoir notre installation en nous immergeant nuit et jour dans ce lieu magique.
"Calmes danseuses , légèrement immobiles .
Animées , aimées par un souffle de passage , sages comme la pierre , suspendues dans un repos vertical . La direction indiquée n'impose rien , ces légères donnent le temps d'écouter . Plumes d'oiseaux immenses , elle écrivent l'invisible immobile . Revêtu de cette méditation , je m'élève vers les voûtes et au delà . Je passe aux boucles liées qui n'en sont pas moins plumes . Légers , sombres menhirs dans leur repaire de lumière minérale . Armures , écorces , peaux d'arbres créées .
Les nénuphars berce eaux reçoivent l'espace et nous dedans . Au dessus , en suspension ; la non pensée , le vide reposant .
Je repars nourrit par ces propositions d'allègement d'esprit ." François Quesnel, 1er nov. 24