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Les Orées

6 formats de 150 cm de diamètre - techniques mixtes sur papier huilé, monté sur fer à béton

 

Cette série se déploie en  formes circulaires ouvertes, récurrentes, cycliques dans mon travail, portant en soi une symbolique puissante de mouvement et de circulation.

Peut-être entrevoir le souffle vital de l’enso japonais, peut-être sentir le souffle du derviche tourneur, sa robe, sa transe, pour insuffler au pictural sa poésie pectorale.  


 
 
 
 

 


 
Le Grand Vert
 

/ L’orée questionne nos paysages /

J’éprouve le bonheur d’habiter un endroit où il est encore des orées.

Vous savez, cette limite entre le bois et le champ. Un bord, une limite d’ombres et de lumières, de grands arbres et petits végétaux intriqués, de broussailles vives en bocages habités, c’est un état du lieu intrigant et fragile.

Fragile au devant : le champ avance, annexe inexorablement. On débroussaille l’orée, on la force à ne pas faire d’ombre. « On » sait l’orée  contre le rendement.

Fragile en arrière : on défriche, on déboise, on dévitalise, on « terrain vague ». Alors, un champ.

Champ contre champ. L’orée est assiégée. Première ligne, front. Epaisse et protectrice hier encore, bouclier, corps défendant son vivant, elle est maintenant une claire-voie, une dentelle.  Je constate ce mystérieux moucharabieh.

 

 

/ L’orée s’impose en moi comme un archétype /

A l’orée de toute chose est son inconnu, son pourquoi. C’est une limite qui nous parle de passage et d’un infiniment relié. Le paysage au devant et autour de moi est connecté à mon paysage mental. Il y déborde joyeusement. Les paysages s’imbriquent à l’infini au dehors comme au-dedans.

Les Orées sont des prothèses poétiques pour notre imaginaire, « englobé ». Sortes de corps augmentés, prolongements possibles de nos pensées reliant nos paysages intérieurs à l’épreuve du monde.

 


Sol/Air

 

Grand Souffle

 

 

 

 

 

/ L’orée comme geste /

A l’instar d’un enso (« presqu’un cercle » en japonais)  -  exprimant la vacuité, l’intention juste, la plénitude d’un moment, la jonction entre visible et invisible - chaque pièce de la série est une invitation à sortir de soi (le centre est vide) et explorer d’autres points de vue.

Chacune suggère et incite à un mouvement permanent autour d’un centre.

La partie évidée centrale est le lieu et moment même d’où L’Orée se crée. Une fois mon corps créant retiré, ce vide central devient la place possible du regardeur. 

 

 

Aux côtés de Dominique Jarty

 

 

 

 

 

/ Des franges sensorielles /

La série « Les Orées » développent un geste dont la trace est la boucle,  petit trait circulaire répétant ses variables à l’infini. De son expression la plus ample à sa concentration la plus dense, il se déploie dans toutes les directions.

Les boucles glissent et griffonnent, s’attachent, raturent, et s’agrègent, se forment, gribouillent et se lient, elles maillent et tissent des champs de sensations. Des pans entiers de monde adviennent.

Souples, mobiles, toniques, bondissantes, elles sont élan et énergie, me projetant dans un au-delà du dessin,  qui me défocalise,  qui glisse et qui danse.  Absorbant le rythme de la musique dans l’atelier, captant le frétillement des oiseaux espiègles dans les bambous à ma fenêtre, elles me relient à de nouvelles franges sensorielles, et par son déplacement déplace aussi les représentations.

Leurs densités font surgir des ondes, à la surface du papier comme des vagues déferlant. Leurs superpositions font perspectives, interrogent les fonds et les formes, ouvrant en eux et elles des  arrière-pays mystérieux.

C.R. , 29 sept. 2023

 
 
 





 
 
 
 
 
 
Nuit étoilée
 
 
 
 
 



Aux côtés de Stefan Rooy




Frères humains



Avec Atelier Aquitaine, espace Mably, Bordeaux